Polémique autour de la banane
Depuis des années je n'achète que des bananes bio, persuadée que les bananes françaises sont contaminées pour des lustres par les pesticides qui polluent le sol des plantations, notamment le chlordécone utilisé jusqu'en 1993. Cette molécule persistante pollue encore les eaux et donc, l'alimentation. Des études ont prouvé que ce pesticide était à l'origine des cancers de la prostate particulièrement nombreux aux Antilles françaises, pas seulement chez les utilisateurs du produit (agriculteurs), mais chez les simples consommateurs.
Adieu donc les bananes françaises, et bienvenue aux bananes dominicaines, qui souvent présentent aussi le label Max Havelaar, gage de juste rémunération des petits producteurs : tout pour satisfaire mes préoccupations écologiques et éthiques !
Et voici qu'une publicité des producteurs antillais vient mettre le feu aux poudres en annonçant début mars au salon de l'agriculture 2017 que les bananes antillaises seraient "plus bio que bio".
En effet, il semblerait qu'il y ait deux poids, deux mesures. En agriculture bio, certains produits sont autorisés, dans un cadre strict, notamment l'huile de banole (huile minérale paraffinique, dérivée du pétrole), fongicide actif contre le champignon des bananiers - climat oblige. Le logo bio en République dominicaine autoriserait en outre l'utilisation de certains produits phyto sanitaires interdits par la législation européenne.
La différence entre les producteurs des Antilles françaises et les autres producteurs des autres pays serait que ces derniers dépassent les normes européennes à respecter en terme de fréquence (traitements par année) et mode d'application de l'huile de banole. En République Dominicaine, le produit est administré par épandage aérien, à l'inverse des traitements moins fréquents et effectués au sol en Guadeloupe et en Martinique.
Qu'en est il exactement des autres pesticides? Les sols des autres pays producteurs ont ils aussi été contaminés par des pesticides rémanents?
Les producteurs antillais ont certes considérablement réduit leur utilisation de pesticides, mais toujours pas assez pour se voir accorder le label bio européen, et surtout à cause du chlordécone...
Le débat est fondé, mais qu'en penser en tant que consommateur? L'agence bio a attaqué et gagné en justice contre les producteurs antillais qui ont dû retirer leur publicité. Elle assure que le label bio reste un gage de qualité.
Espérons qu'un magazine d'investigation ou de défense des consommateurs (60 millions, Que choisir?, Cash investigation...) fera une enquête et surtout des analyses pour nous indiquer laquelle acheter !
En attendant... je continue à acheter des bananes bio, souvent dominicaines mais j'accueillerais avec joie de vraies bananes bio françaises.
