Perturbateurs endocriniens : enquête inquiétante de 60 millions...
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L'enquête de 60 millions de consommateurs a fait grand bruit, relayée par la presse, à juste titre : dans les cheveux de 43 filles et garçons (vivant en milieu rural et urbain) ont été recherchés 254 composés, molécules considérées comme perturbateurs endocriniens potentiels par des organismes de référence dont l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, Santé Publique France. Le cheveu garde l'historique de l'exposition subie par l'organisme aux polluants. La présence d'une molécule témoigne de cette exposition, mais la valeur en elle même ne permet pas de corrélation avec la contamination ni de conclusion par rapport aux effets sur la santé. Les perturbateurs endocriniens étant de différentes origines et de différentes natures, les risques liés à leur accumulation peuvent être amplifiés par leur présence simultanée : c'est l'effet cocktail mentionné à plusieurs reprises dans le dossier de 60 millions de consommateurs.
Les recherches ont porté sur 7 grandes familles de perturbateurs : bisphénols, phtalates, pesticides, PCB, HAP, métaux lourds et retardateurs de flamme bromés.
Sur les 43 enfants agés de 10 à 15 ans, 34 molécules ont été retrouvées en moyenne, avec un minimum de 23 et un maximum de 54.
Quelques points sont importants à noter, en particulier dans le cadre de l'alimentation qui est la préoccupation principale de ce site...
Le bisphénol A, perturbateur endocrinien à présent interdit dans les biberons et jouets portés à la bouche par les enfants en bas âge, n'est présent que dans 20 % des cas . En revanche le bisphénol S (substitut du bisphénol A) est présent dans 98 % des cas, alors qu'il est fortement suspecté d'agir comme son cousin...
53 sortes de pesticides agricoles et vétérinaires ont été détectés chez les enfants, avec pour trois en particulier, une présence dans 40 à 50 % des échantillons : l'hydrazide maléique (anti germinatif utilisé sur les pommes de terre), l'azoxystrobine (fongicide agricole), le fipronil (insecticide utilisé chez les animaux domestiques, et également en enrobage des semences, il fait partie de la famille des néonicotinoïdes accusés de décimer les populations d'abeilles). Dans la catégorie des pesticides, le lindane, insecticide organochloré interdit depuis 1998, mais persistant dans l'environnement, est détecté dans 1/3 des cheveux testés.
Ces résultats sont d'autant plus inquiétants qu'il n'y a pas vraiment de consensus sur les dangers liés à ces perturbateurs endocriniens, et surtout aucune étude permettant d'évaluer le risque subi par nos organismes exposés à une multitude de ces molécules. Les enfants, en pleine croissance et modification lors des changements hormonaux de la puberté, sont des cibles particulièrement fragiles.
Quelques pistes sont données par le journal afin de limiter l'exposition au perturbateurs endocriniens apportés par l'alimentation :
Limiter la consommation de poissons gras situés en fin de chaîne alimentaire, tels les saumons, thon ou anguille, chez qui se concentrent les retardateurs de flamme, PCB et dioxines et pesticides. Alterner leur consommation avec les poissons maigres (colin, lieu noir...).
En ce qui concerne les pesticides, privilégier les aliments de saison, de proximité et de préférence issus de l'agriculture biologique. Cette précaution est indispensable si on souhaite manger la peau des fruits ou légumes.
Les anciens revêtements Teflon contiennent différents composés qui font partie des perturbateurs endocriniens - les nouveaux portent la mention sans PFOA (acide perfluorooctanoïque) qui est l'un d'eux. L'idéal serait de retourner aux poêles en inox ou en céramique.
Les plastiques sont omniprésents en agroalimentaire, à l'ère des plats préparés et bouteilles en plastique. Les deux familles de molécules incriminées récemment sont les Bisphénols, avec l'interdiction en France depuis 2015 du bisphénol A, et les phtalates, présents dans le PVC (code recyclage n°3). Les récipients en polyéthylène (n° 2 et 4) ou polyéthylène (n°5) seraient exemptés de phtalates, mais le plus sage est de ne jamais réchauffer, en particulier au four à micro-ondes dans des récipients en plastique. Le transfert dans une assiette ou un bol en verre ne prend que quelques secondes, mais lève toute incertitude.
Le soja, ingrédient particulièrement tendance ces derniers temps, est consommé sous diverses forme (tofu) pour remplacer les protéines animales, ou en boisson comme substitut au lait pour les intolérants au lactose. Néanmoins, il faut garder en mémoire qu'il contient des phyto-oestrogènes susceptibles d'avoir une action de perturbateur endocrinien
Source : 60 milllons de consommateurs mai 2017 - N°526